Marc hatzfeld

En 2006, dans le cadre de notre chantier « Les invisibles », nous avons rencontré Marc Hatzfeld, sociologue qui vient nous parler des SDF.

 Attention, notre compte rendu n’a pas été relu par Marc Hatzfeld et peut donc comporter des erreurs.

Le compte rendu 

Marc Hatzfeld est un Sociologue indépendant. Travaillant principalement dans les banlieues,spécialiste du mal-vivre, il est appelé par des mairies, assos etc. Egalement Chercheur, il répond à des appels d’offre sur des sujets particuliers.

Le ministère de l’équipement (parce-qu’en charge de la ville) a lancé un appel d’offre concernant les SDF. Pendant 1 an ½ Marc Hatzfeld a donc tenté de comprendre la question des SDF (de ce travail a émergé un livre: Les Dézingués, collection Autrement)

La Précarité est un univers de grande souffrance physique: maladies complexes, aiguës, récurrentes (dents, cœur, digestion, poumons…) et mentale.

Le discours politique tend à criminaliser l’errance (se souvenir qu’il n’y a pas si longtemps, on enfermait les pauvres). La rue rend fou et des fous sont dans la rue, perdus pour le soin. Si on les considère comme dangereux, ils sont à enfermer, (loi sur la mendicité qui les éloigne des centre ville). Considérés comme malades, on les soigne, à l’hôpital. Considérés comme pauvres, on les plaint, on leur donne à manger mais surtout qu’ils ne fassent pas d’histoires !…

Les SDF sont dans la rue par accident mais aussi parfois par choix. Sont développées là

Les 3 figures de l’Utopie:

1- Le voyage

Ils sont partis un jour.. ils sont en voyage.  Ils ont la culture du voyage, connaissent et se transmettent les bonnes adresses, les combines.

2- L’engagement dans la relation avec les autres (avec les stables, les sédentaires)

L’hospitalité est une figure très importante pour le voyageur – c’est un tradition très méditerranéenne:  donner à dormir, à manger. On doit donner à celui qui voyage tout ce qu’il veut, mais celui qui voyage doit respecter les règles en cours chez qui l’accueille.

Loin de cette figure de l’hospitalité, les lieux d’accueils pour les SDF ont bien souvent des conditions trop strictes pour qu’ils acceptent d’y aller.

3- Le détachement

C’est l’attitude qu’ont tous les grands sages – pas attachés aux biens matériels, à la famille, à la peur de mourir… Mais une partie de ce détachement est construite autour du « blindage » dû à la grande souffrance. Ils ont fait un pas dans un monde distant des projets, des constructions, de ce qui fait la « solidité sociale ».

Les personnes vivant dans la rue rappellent aussi quelque chose que nous voudrions être– sagesse, détachement, distance

Par ces trois figures, ils sont fiers et dignes « Je ne veux pas qu’on me dise comment vivre. Je suis libre ».  « Je veux choisir ma souffrance, pas celle d’être exploité, ou de m’enrichir ». »Je les admire, dit Marc H, car ils font ce que je ne suis pas capable de faire ».

Débat avec tous

– L’errance c’est se promener, se tromper aussi

– Nous interprétons leur départ comme une chute, eux disent: « je suis parti »

– Médecins du monde, en offrant des tentes à Paris, a respecté leur mode de vie. c’est un vrai geste d’hospitalité car au cœur de la ville. Nous pouvons à notre niveau avoir des gestes d’hospitalité: nous accroupir auprès d’eux pour parler, partager un café, du pain, écouter…

– Les humains ont le droit de vivre différemment. Dans toutes les villes il devrait y avoir un lieu pour les « voyageurs ».

– Les SDF sont les nomades d’avant, mais la misère en rajoute !

– Notre organisation sociale ne permet pas ce nomadisme. Il y a pourtant une vraie nostalgie de cette vie (il y a 40 ans il était bien plus facile de voyager, il fallait bien moins de papiers par exemple…)

– Aude: Autrefois dans certaines familles ou régions on mettait toujours un couvert de plus « pour celui qui pouvait venir » (le juif errant, le Chnok, le pèlerin)

– Les SDF camoufflent malgré tout leur souffrance derrière une certaine fierté. Ils revendiquent ce qu’ils sont et affirment ne pas avoir envie de vivre  » comme ces gens-là » (nous), pas envie qu’on leur dise ce qu’ils ont à faire.

– Fabienne: Le rapport entre la symbolique d’accueillir le voyageur et la réalité de l’accueillir… Pas si simple. Comment, en tant que sédentaire, être digne de ce « c’est pas si simple » ?

– Véronique: quand des liens sont créés avec un SDF, difficile de donner de l’argent (alors qu’au départ c’est ce qu’il demande)

– Dans la normalité sociale, il y a moins de souffrance. Et pourtant les gens de la rue ne veulent pas y retourner (statistiquement très peu de SDF reviennent à cette normalité, même les jeunes) : « Quand on a goûté à cette liberté… »

– Les SDF ont perdu leur patronyme, ils sont réduits à des prénoms ou des surnoms, mais ça donne de la proximité.

– Ils  font partie de notre univers, c’est une forme de nomadisme qui devrait être reconnu. La société devait conserver ces figures voyageuses, détachées, leur faire une place.

– Le droit à être inutile, déambulateur, gratuit, désinvolte…

– Pour s’en sortir, quelque chose d’utopique…

– Moins de femmes dans la rue. Quand elles sont en difficulté, elles ont la ressource financière de se prostituer. Le samu social ne laisse jamais une femme à la rue, c’est une règle. Malgré tout il y en a de plus en plus, et des enfants, des familles entières.

– Jp fait remarquer qu’il y a  une langue de la classe dominante : les « sans » (sans papier, sans domicile fixe, sans ceci, sans cela…

 

 

 

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