Comptes-rendus et bilans d’actions

Bilan d’un atelier dans un CFA (novembre 2014)

Le 20 novembre 2014, deux comédiennes de la compagnie sont intervenus au Centre de formation d’apprentis du CEZ, à Rambouillet, sous forme d’un atelier de théâtre-forum d’une journée dans une classe de Bac Pro 1ère année. Colombine Ader-Manby, formatrice au CFA, nous a envoyé le bilan de cette intervention. Le voici donc.
 
INTERVENTION DE LA COMPAGNIE NAJE AUPRES DES BAC PRO 1A
 
Objectifs
Les objectifs de l’intervention de cette troupe de théâtre-forum auprès des Bac Pro 1ère année étaient de :
  • Travailler avec les jeunes en début de formation sur les difficultés relationnelles qu’ils peuvent connaître en entreprise.
  • Travailler sur les problèmes de communication qui peuvent exister en entreprise, soit avec le maître d’apprentissage, soit avec des clients, soit avec d’autres employés.
  • Essayer de trouver des solutions avec les Bac Pro 2 et 3.
Participants
  • 2 comédiennes de la compagnie Naje.
  • 23 apprentis Bac Pro 1A.
  • Colombine Ader (formatrice CFA).
  • Classes des Bac 2A et Bac 3A qui ont assisté au théâtre-forum en fin de journée (15h30-17h30)
Déroulement
La journée (8h30-17h30) s’est déroulée en quatre parties :
  • 8h30-11h30 : prise de contact entre les comédiennes et la classe des Bac 1, puis jeux d’impro, de mise en situation et de cohésion de groupe.
  • 11h30-12h30 : choix des scènes à préparer pour le théâtre-forum en petits groupes et démonstration de ce qu’est le théâtre-forum.
  • 13h30-15h30 : préparation des scènes à jouer lors du théâtre-forum, scènes issues d’histoires vécues par les apprentis (4 scènes ont été retenues et jouées par 4 groupes différents).
  • 15h30-17h30 : théâtre-forum, les scènes ont été jouées devant les Bac 2 et 3 qui ont pu intervenir pour montrer ce qu’ils auraient fait et dit dans cette situation à la place de l’apprenti en difficulté.
Bilan
Bilan très positif pour les Bac Pro 1 qui ont beaucoup apprécié la journée et aimeraient renouveler l’expérience. Ils ont bien participé, même les plus discrets ou timides.
Cette journée a permis de :
  • Renforcer la cohésion du groupe.
  • Voir que les autres ont aussi des difficultés.
  • Comprendre qu’il est important de parler de ses difficultés pour essayer de trouver des solutions aux problèmes rencontrés et ne pas tout garder pour soi.
  • Aider les jeunes à mieux communiquer en entreprise.
Voici des témoignages d’apprentis recueillis suite à cette journée :
« J’ai retenu de cette journée que l’on trouve toujours un moyen de résoudre un problème. » (Océane)
« Cela nous a permis de découvrir plus sur notre métier, sur les autres et sur nous-mêmes… » (Angélina)
«  Journée enrichissante, une expérience qui a rapproché toute la classe. » (Loïck)
« J’ai été moins timide que d’habitude, j’ai pris confiance en moi. » (Nico)
« J’ai bien aimé cette journée car on a tous partagé nos problèmes et tout le monde a partagé nos problèmes et tout le monde a cherché une solution ensemble, nous avons échangé avec des personnes avec qui nous ne parlons jamais. » (Marine)
« Nous avons appris plus sur nous-mêmes et sur notre place dans l’entreprise. » (Romane)
« Cela nous a aidés à comprendre qu’il ne fallait pas rester mal à l’aise dans notre entreprise et parler avec son patron. » (Perrine)
 

Le compte rendu de notre atelier avec les enfants du Conseil Municipal des Enfants de la Ville de La Courneuve (2010)

  1. Nota : cette opération a été reconduite en 2012 mais le cr 2012 n’a pas été fait.

La  Mairie de la Courneuve nous a sollicités pour animer un atelier de théâtre forum autour des thèmes de la violence et de la différence avec les enfants volontaires du Conseil des Enfants de l’année précédente.

Les deux comédiennes de la compagnie NAJE : Emy Lévy et Clara Guenoun ont préalablement rencontré les animateurs et les enfants pour leur expliquer ce qu’était le théâtre forum.

L’atelier s’est déroulé durant les vacances de la Toussaint  et trois mercredis après midi, soit 12 demi journées, à la Maison de l’Enfance.

L’animateur référent du conseil des enfants, Olivier Espron, était présent.

13 enfants, élus ou non, de  10 à 12 ans, ont participé à cet atelier, plus ou moins régulièrement. 9 étaient sur scène le jour du spectacle.

Le spectacle a eu lieu le samedi 20 novembre, au théâtre André Malraux à La Courneuve devant 150 personnes : un public varié et très réactif.

Durant cet atelier nous avons improvisé  les histoires des enfants et nous nous sommes entraînés au forum .

Le groupe a  choisi 4 scènes pour la représentation.

Nous avons entamé ce moment par des courts récits sur un moment ou chacun s’est senti reconnu, fier de lui.

Puis les scènes de forum ont suivi :

Le planning de sport : la pression d’un groupe sur un collégien dans l’enceinte du collège.

A qui s’adresser ?  Au collège ? A la maison ?….

C’est quoi une balance ?

Quels sont les risques quand on ne parle pas ? Et quand on parle ?

Le cours de musique : Quand un professeur insulte un élève parce qu’il n’arrive plus à faire cours et à partir de là se fait traiter de « blédard » en référence à son accent.

Comment arriver à travailler dans une classe agitée ?

Comment en parler ?

Comment exprimer son désaccord à un enseignant ?

C’est quoi une insulte raciste ?

La sacoche déchirée :  Montée de la violence entre jeunes autour d’un terrain de foot.

Pourquoi ce besoin permanent de se moquer de l’autre et de chacun ?

Comment ces moqueries engendrent la violence et comment les éviter ?

Comment d’opprimé on devient oppresseur ?

L’enlèvement : Un grand frère souffre de l’enlèvement de son  demi frère. Lors d’un voyage en Algérie qu’ils font lui et sa mère pour lui rendre visite, ils se font menacer de mort par le beau père entouré de sa famille.

Comment parler de sa souffrance ?

Comment briser la loi du silence dans la famille ?

A qui s’adresser quand on a mal ? Le forum sur cette scène a été particulièrement fort d’autant que la famille était présente dans la salle.

 

Nous avons vécu un très bel atelier même si nous n’avons pas  toujours été sûrs d’aller jusqu’au spectacle.

L’implication d’Olivier, la forte volonté des enfants de porter leur parole, la solidarité et l’engagement de chacun au sein du groupe a permis un beau moment de magie comme seul le théâtre forum est capable d’en offrir…

 

N’hésitez pas à aller consulter le blog du conseil des enfants de La Courneuve

http://cce-lacourneuve.conseildejeunes.fr/

Un stage en Guadeloupe aboutissant à un spectacle (2006)

Cette action a eu lieu à Basse Terre, capitale administrative de la Guadeloupe. Les participants venaient de diverses villes.

Le commanditaire : c’est l’association « Initiative’Eco »

Le travail a eu lieu dans une salle de la mairie de Basse Terre.

Les participants : Ils étaient au nombre de 8 : 4 hommes, 4 femmes. Il y avait 5comédiens, dont le fondateur de la compagnie Savann’ avec qui une convention a été signée avec le commanditaire. Les 4 autres comédiens venaient de diverses compagnies mais avaient été contacté par Savann’. 
Les trois autres personnes étaient des acteurs sociaux, une travaillant à initiative’ éco , les 2 autres sur des associations ayant pour objectif le travail avec les personnes handicapés, les personnes porteuses du sida, des femmes violentées.
Ils avaient entre 25 et 50 ans, 6 antillais, un martiniquais installé en Guadeloupe depuis une dizaine d’années une parisienne installée depuis l’âge de 11ans en Guadeloupe. La psychologue d’initiative éco , nous a rejoins sur une journée et demie de travail, ce n’était pas prévu mais après avoir vécu un exercice particulier : « prendre sa place », elle a demandé à revenir une journée.

Initiative’eco a mobilisé les acteurs sociaux. Savann’ , les comédiens. Une quinzaine de participants étaient prévus mais des désistements ont eu lieu avant le démarrage.

L’équipe de NAJE : Mamadou Saal et Clara Guenoun , comédiens et formateurs de la compagnie NAJE, ont animé cette formation de 30 heures du lundi 4 sept 2006 au vendredi 8 sept 2006, de 8h30 à 15h30 avec une heure de pause.
Les objectifs : Les objectifs au départ étaient les suivants : Apprendre à pratiquer la méthode avec les publics des différents services et associations et leurs permettre de l’utiliser dans l’exercice de leurs fonctions professionnelles. Apprendre à créer un nouveau spectacle de théâtre forum soit avec des personnes de ce groupe , soit avec des habitants. Apprendre à diriger une séance de théâtre forum public. Apprendre à jouer et à diriger des acteurs professionnels ou non.

Récit par Clara et Mamadou de leur travail

On a tout d’abord raconté l’histoire d’ Augusto Boal, du théâtre forum, ce qu’est la compagnie Naje, ce qu’on allait faire ensemble. On a posé le cadre matériel mais aussi le non jugement et la confidentialité comme base à notre travail. On a travaillé d’une part autour des jeux de notre répertoire en faisant constamment le pont entre ce qu’ils ressentaient pour eux et ce qui était en jeu lors de l’animation des exercices. On a parlé du sens des jeux, du public concerné, des enjeux, des difficultés qu’on peut rencontrer, de la place du formateur. Voici la liste des jeux . Nos objectifs à ce moment là étaient de travailler , selon les jeux : la constitution du groupe, la confiance, la démécanisation, , la relation oppresseur- opprimé, l’écoute, la concentration, la prise en compte de l’espace, le jeu du comédien.
Voici la liste des jeux chronologiquement :
Le nœud, l’espace stop, l’aveugle promenade, l’aveugle prénom, les bombes, le clin d’œil, le chœur des prénoms, l’hypnose avec oppression, le 8 aveugle, prendre sa place, le sculpteur sculpté, monter les gammes, le phare, personne à personne, la salle d’attente, le personnage vide, la sculpture aveugle, la pluie.

D’autre part après un « complétez l ‘image » et un « pilote copilote, » nous avons travaillé sur toutes les histoires des personnes. Les 2 premiers jours , les personnes mettaient en scène les histoires retenues par le groupe, ils jouaient leur oppresseur et les formateurs jokaient (c’est à dire animaient le forum avec les spectateurs). Au fur et à mesure ce sont les participants qui se sont entraîné au jokage. Nous l’avons proposé comme une chose facultative mais chacun a voulu s’y confronter. Après chaque jokage, le joker avait la parole pour dire ses difficultés, ses questionnements, les comédiens donnaient leur ressenti et les formateurs renvoyaient au joker ce qui fonctionnait ou qui ne fonctionnait pas dans sa façon de joker, toute remarque étant là pour aider et non démolir.

Les temps d’échange étaient très riches car les participants , étant très investis dans la formation , étaient en recherche permanente de comprendre profondément tout ce qui se jouait lors d’un théâtre forum. Le rôle du politique, les questions de fond sur la construction du modèle, le bétonnage, l’arrêt des interventions, bref des questions qui ne sont jamais réglées. Les participants de ce stage ont très vite formé un seul groupe même si le fait que certains aient déjà mis en scène aidaient énormément à la construction des modèles et au niveau du jeu de comédien. Les gens ont été très vrais sur ce stage, beaucoup de moments fort en émotion ; ce qui a permis a chacun d’avancer.

On a travaillé sur leurs propre histoires qui touchaient différents thèmes :

Quand son propriétaire vient rôder autour de la maison et fait circuler une rumeur. Les obstacles qu’on rencontre quand on veut monter un lieu culturel. Quand on est confronté de très près à la maladie mentale. Quand on est blanche et que notre père ne veut pas qu’on aime un noir qui en plus est à 8000km. Comment faire après le divorce pour qu’il joue son rôle de père ? On travaille , on est exploité et on n’est pas payé à la fin du chantier. Quand on est témoin d’une scène de violence dans la rue. Quand on subit du harcèlement morale au travail jusqu’au licenciement. Quand on subit des injustices dans sa famille en tant qu’enfant.

Le bilan du stage Il a été fait sous forme d’image. Chacun a fabriqué une image de ce qui a été fort pour lui dans ce stage. Il se mettait à l’intérieurde l’image. Chacun, soit en regardant, soit en étant à l’intérieur pouvait dire : « ça me rappelle le moment .. ». Un bilan très beau , avec un groupe qui, jusqu’au bout, aura été en solidarité avec l’histoire , l’image de chacun. D’autre part, chaque jour chacun pouvait dire ce qu’il souhaitait sur la journée. Je vais donc poser certaines phrases dites par des participants au long de ce stage. Mais juste avant j’ai envie de vous raconter un moment fort : La télé arrive un matin, on n’était pas au courant. On faisait forum sur l’histoire de M qui raconte qu’un jour à paris il a vu un homme frapper une femme et qu’il n’a rien fait. Il s’est dit « comment moi petit antillais en vacance je vais me mêler d’une scène entre un maghrébin et sa femme ? » cette histoire pour lui est toujours présente, on l’a donc monté de son point de vue. On explique au journaliste qu’il peut filmer le travail puisque le groupe est d’accord. On joue le modèle et là le caméraman pose sa caméra et me dit :  « excusez moi, vous n’auriez pas une autre scène ? » Moi, un peu froide je lui dit que c’est du théâtre forum et qu’on n’a pas de scène drôle. Et là je le vois se décomposer et il me dit : « je peux pas filmer un homme qui frappe une femme, ça me fait trop mal, je ne peux pas, je suis trop sensible à ce sujet. » On était tous scotché, la journaliste aussi, un temps de silence et je lui dit : : « laissez tomber la caméra et venez faire forum avec nous. je reprends mon rôle de jocker, il hésite, je dis qu’on peut tenter des choses qu’on ne ferait peut être pas dans la vie, qu’on est là pour s’entraîner ensemble. Il monte en disant que quand ça lui arrive voilà ce qu’il dit et il va parler à l’homme violent. Il a dans une grande explication sur l’importance de la femme . Puis en retournant à sa place il nous dit : « en fait, quand ça m’arrive , je tourne la tête et je pleure ». On s’est assis et on a discuté avec lui sur le sens du théâtre forum, sur pourquoi on était là. Il a du être sacrément remué car on ne l’a pas revu.

C’est formidable, c’est la première fois que je participe à ce genre là. Il faut se donner du temps 
 Il y a une corrélation entre les jeux et la vie. L’expérience du groupe est thérapeutique. Mettre en scène une partie de sa vie n’est pas facile. 
 Je suis enchanté. Il y a une situation d’intimité grâce aux histoires qu’on se raconte. Les jeux vont à l’essentiel de la relation. 
 Quand vous dites « on fait forum », je sens la notion de jeu. 
 J’ai l’impression d’être dans mon monde alors que je n’ai jamais fait de théâtre. 
 J’apprécie énormément d’entendre ces histoires, c’est un regard différent sur la vie. 
 Si ça fonctionne, c’est parce qu’on est encadré par des professionnels ; je me laisse aller au grès des flots. La mayonnaise prend. 
 Le théâtre forum peut provoquer des réactions inattendues, on l’a vu avec le caméraman. 
 Dans ce travail,les silences sont habités. 
 Je trouve que c’est assez douloureux car il n’y a pas de solution miracle. Ca demande du silence, de l’humilité, de la recherche, de l’humanité ; 
 Aujourd’hui on a eu toutes les facettes du théâtre forum, tous les protagonistes, c’était riche en émotion. 
 On est mis à nu. Moi j’ai compris que je ne pouvais pas continuer à raconter quand la télé est arrivé. Je ne suis pas celle de la télé ici. 
 Je découvre un outil extraordinaire, une autre approche du théâtre . Le social, le politique. On travaille sur du sensible, du vécu ; il y a une part d’universalité dans chaque histoire, en tant qu’habitant du monde.

Suites éventuelles : Pour la suite , des projets sont lancés sur la guadeloupe. L’idée est que des comédiens puissent venir sur Paris nous voir sur des ateliers, des formations, des créations de spectacle. Tous peuvent jouer dans des spectacles. Certains sont en mesure d’assurer de rôles d’oppresseurs, certains peuvent se lancer dans le jokage ou , et la mise en scène. Pour mener des ateliers avec des habitants , il serait important de continuer à échanger avec eux car 30 h ne suffisent pas à se lancer quelque soit le contexte. D’autre part, l’association martiniquaise qui parraine initiative’eco est passé et serait intéressée pour que Nage travaille avec eux sur « les violences faites aux femmes » ; Affaire à suivre !

Nota Nous avons appris que les participants ont créé un spectacle sur les violences faites aux femmes et qu’ils l’ont joué et mis en forum. Bravo à eux.

 

Un atelier jeunes et un atelier adultes à Beauvais en 2007

Compte rendu de deux ateliers : adultes et jeunes en 2007 à Beauvais

 

COMPTE RENDU ATELIER ADULTES DE BEAUVAIS 2006-2007

L’Ecume du Jour, bistrot d’échanges de savoirs, a mis en place cet atelier avec l’aide et les financements de la mairie de Beauvais.

Marie-France Duflot a animé cet atelier. Matthieu Suire l’a rejointe les 23 et 24 mai.

L’Atelier s’est déroulé à l’écume du Jour, dans la salle d’expositions, 16 mercredis de 18h30 à 21h du 10 janvier 2007 au 24 mai.

Pour faire connaître cet outil, L’écume du jour a fait venir la compagnie NAJE qui a joué au Cinespace, le 28 septembre, le soir devant 250 personnes.

Pour favoriser la venue d’adultes à cet atelier, 3 ateliers le soir en novembre et décembre 2006 ont été organisés. Nous avons eu une grande fréquentation, pendant cette phase, jusqu’à 22 personnes.

Malgré 2 arrivées tardives et 3 départs, le groupe s’est constitué rapidement : 2 hommes, 10 femmes, public de 24 à 55 ans, 5 personnes ayant un emploi régulier (alphabétisation, éducatrice, graphiste…), les autres sur des emplois aménagés et très précaires (Emmaüs, serveuse dans un bar, deux d’entre elles à l’écume du jour) une personne avec le RMI, 3 personnes en formation : CAP de cuisine dont un jeune d’un foyer. Au total, 12 personnes très dynamiques, porteuses du projet et déjà familiarisé avec des pratiques solidaires, puisque fréquentant le Bistrot d’Echanges de Savoirs.

Le groupe s’est constitué très rapidement.

Certaines se connaissaient par ailleurs, d’autres ont été rapidement intégrées. Les histoires confiées étaient tellement intimes que cela a avivé la solidarité entre les personnes. Il a fallu par fois redire la règle de non-jugement car ce sont pour la plupart des personnes en grande difficulté personnelle et qui se sont construits des carapaces pour moins souffrir. Toutes mes propositions étaient accueillies avec enthousiasme et jubilation. Je me suis sentie portée par ce groupe, qu’ils m’offraient toute leur confiance. C’était un groupe très prolixe. A chaque fois que j’annonçais qu’on allait enfin choisir les histoires pour le spectacle, une personne prenait la parole et nous faisait encore un récit de vie qu’on devait improviser et faire forum pour trouver des aides et des pistes de réflexion. Mais c’est cela avant tout notre travail.

Je commence un atelier par des jeux. Et ces adultes adoraient ça. C’était un vrai plaisir de les voir retrouver le plaisir enfantin et de se confronter à des situations inédites : les aveugles, la bouteille saoûle, les bandes rivales… Une femme a mis longtemps avant de ne plus rire lors des exercices. Elle a compris qu’elle avait besoin de sa concentration et de ne pas rire pour elle et pour les autres. Ses progrès ont été immenses. Chaque atelier finit par un « ça va? ça va pas? », petit bilan personnel, devenu rituel et tout de suite investi. L’écoute dans ce groupe a été exceptionnelle, chacun en empathie avec les histoires des autres. Nous avons abordé les thèmes suivants : la violence conjugale, l’infidélité dans le couple, l’amour éconduit, la rumeur, la relation aux parents, l’éducation des enfants, la maltraitance, la justice, le rôle des éducateurs dans une famille, les conseils municipaux, le harcèlement des institutions sur les plus précaires, la mort d’un proche, la violence policière, la disparition des sans papiers. Sur tous ces sujets, nous avons fait forum. Nous avons aussi joué des moments de bonheur, de reconnaissance.

Après ce long temps de récits et de forum, nous avons enfin choisi ensemble 4 histoires, représentant les différents thèmes abordés : la violence dans le couple et ce qu’en vivent les enfants, la violence policière, la violence de l’institution judiciaire, Nous nous sommes mis d’accord sur le titre de notre spectacle : « Le monde allant vers… »

Lorsque j’ai apporté les scènes écrites, les personnes ont été prises d’angoisse : comment pouvait-on apprendre par coeur? Comment être en émotion dans une répétition? Nous n’avions plus que 4 séances. J’ai senti de l’inquiétude. Lors des répétitions, certaines me regardaient ou coupaient la scène: « Alors ça va? Je l’ai bien fait? » et puis après avoir été rassurées, elles ont mis leur énergie et leur sympathie pour que le projet soit réussi.

La veille de jouer, Matthieu Suire, comédien à la Cie NAJE, nous a rejoints pour prendre certains rôles d’oppresseurs, difficiles à porter en forum. Nous avons répété dans le théâtre de Beauvais et nous avons retravaillé les pistes de forum. Le lendemain à 18 heures, nous nous y sommes retrouvés pour faire un dernier filage avant le spectacle de 19h45.

Nous avions pu le 7 mars travailler une première fois dans le théâtre, pour voir l’espace, la place de la voix. Ce fut une soirée apaisante et angoissante à la fois. Cette grande salle de 700 places, nous a fait un peu peur et nous a donnés l’énergie pour la maîtriser.

Nous avons joué « Le monde allant vers… » à 19h45 au théâtre de Beauvais, devant 150 personnes. C’était un tout public très populaire dont une partie avait déjà vu le théâtre-forum du 28 septembre et celui du 27 avril que la cie NAJE était venue jouer pour les dix ans de l’Ecume du jour. Le spectacle a duré 2H 10, sans fatigue et une belle énergie du public. Lors de la fouille policière, alors qu’il y avait un spectateur en train de faire une intervention, j’ai senti un mouvement très doux du public. Une vingtaine de personnes ont envahi le plateau, tranquillement et forçant les policiers à renoncer à la fouille et à s’en aller. Ce fut très émouvant, la force du collectif. Les interventions se sont succédées à toute vitesse, le public étant porté et plein de propositions toutes différentes. Les 4 scènes, histoires difficiles et douloureuses ont même permis de rire. Des spectateurs ont fait des propositions originales comme ce jeune adulte qui vient voir les policiers en participant complètement à ce qu’ils demandent en riant et en acceptant tout, ou touchantes comme ce jeune de l’atelier de l’après-midi qui est venu voir le juge en disant simplement : «  Je ne veux pas que vous placier mes enfants. » alors qu’il est lui-même un jeune placé hors de sa famille.

Après le départ des spectateurs, nous avons convenu de faire un bilan le 20 juin avec ce groupe et l’équipe de l’écume du jour. Nous imaginons déjà des perspectives pour l’année prochaine.

Compte-rendu d’atelier Jeunes de Beauvais 2006/2007

L’Ecume du Jour, bistrot d’échanges de savoirs, a mis en place cet atelier avec l’aide et les financements de la PJJ et de la mairie de Beauvais.

Marie-France Duflot a animé cet atelier. Matthieu Suire l’a rejointe les 23 et 24 mai.

L’Atelier s’est déroulé à l’écume du Jour , dans la salle d’expositions, 14 mercredis de 15h à 18 h du 10 janvier 2007 au 24 mai.

Pour faire connaître cet outil, L’écume du jour a fait venir la compagnie NAJE qui a joué au Cinéspace, le 28 septembre, l’après-midi devant des jeunes de la PJJ, des classes de collège et de lycée, des femmes venues avec une association d’insertion…

Pour sensibiliser les jeunes et favoriser leur venue à cet atelier, 3 ateliers l’après-midi en novembre et décembre 2006 ont été organisé. Ensuite les jeunes ont formé le groupe.

Ce groupe était composé, de 2 frères de 9 et 11 ans, d’1 jeune de collège, de 5 jeunes de 14,15 ans d’une maison d’enfants, des 2 éducateurs qui les accompagnaient,de 2 jeunes adultes de l’Ecume du jour : au total, 12 personnes.

Un des éducateurs étaient d’origine maghrébine.

3 personnes ont commencé l’atelier et ne sont pas restées : Une jeune adulte de l’Ecume qui a trouvé du travail, une jeune d’un foyer d’éducation fermé, un jeune de la maison d’enfants.

Pendant la période de sensibilisation, il a eu peu d’essais, 3 personnes ne sont venues qu’une fois.

Le groupe a mis du temps à se constituer pour plusieurs raisons :

. les 2 enfants ont été souvent absents parce que certains mercredis, ils avaient école.

. les jeunes de la maison formaient déjà un groupe avec ses propres tensions,

. la présence des éducateurs n’a pas facilité, au départ, la mise en confiance

. la différence d’âge entre les jeunes et les jeunes adultes

Malgré cela ou peut-être grâce à cela, le groupe est devenu solidaire mais petit à petit. En fin de travail et lors du spectacle, il a montré une capacité à gérer et sa vie de groupe, relations, petits conflits et le forum.

Comme toujours, je commence un atelier par des jeux. Il a fallu moduler, avec les adultes qui aimaient ça et qui comprenaient l’intérêt des jeux et les jeunes qui avaient l’impression de régresser lors des jeux qu’ils n’effectuaient qu’à contre-coeur. Chaque atelier finit par un « ça va? ça va pas? », petit bilan personnel, devenu rituel et peu à peu investi.

Les jeunes ont raconté des histoires de collège, d’humiliation de professeur, de défense d’un handicapé, de bagarre, de pression du groupe, de vexation verbales, des situations où ils étaient pratiquement toujours soit témoins, soit héros. Ils n’ont pu raconter leurs histoires plus intimes, soit parce qu’ils vivent ailleurs ensemble en internat, soit parce que leur histoire est trop lourde et qu’ils en ont honte.

Les enfants se sont plus confiés, et ont raconté des histoires de maltraitance familiale.

Les adultes aussi se sont livrés : histoire de discrimination, d’insultes, de boulimie, de tournante, de honte à être jeune de foyer.

Comme les adultes ont raconté des histoires très intimes, les jeunes n’ont plus eu l’attitude de jeunes avec des éducateurs ou animateurs. Ils les ont regardés comme des personnes venues là pour elles-mêmes, d’abord. Le fait de jouer les histoires des adultes, les a posés comme aide et non comme victime. Sans doute cela les a aidés à grandir, car ces jeunes ont des histoires où ils sont des victimes. De faire forum entre nous, les a informés aussi des difficultés à être jeune et adulte, des solutions pour ne pas subir, les grandes lois qui régissent l’humanité, les interdits, les droits…

Nous avons choisi ensemble 5 histoires, représentant les différents thèmes abordés : discrimination en stage, violence au collège, exclusion, relation garçon-fille, être jeune de foyer. Nous nous sommes mis d’accord sur le titre de notre spectacle : « Ouvre-la! »

Dès que j’ai écrit les textes à partir des improvisations faites, surtout les jeunes ont été soulagés. Enfin cela ressemblait à ce qu’ils imaginaient du théâtre : des textes à la main, des lectures, des déplacements, des répétitions.

Les dernières séances ont avancé au gré de leurs humeurs, mais chaque séance a permis de voir se profiler la réussite du spectacle. A la fois cette peur qui monte, ce plaisir à jouer et sentir qu’on va y arriver. Nous avons ces derniers moments effectués un travail de comédiens, moi les dirigeant et eux apprenant la rigueur du jeu et de la répétition.

La veille de jouer , Matthieu Suire, comédien à la Cie NAJE, nous a rejoints pour prendre certains rôles d’oppresseurs, difficiles à porter en forum. Le groupe l’a rapidement adopté et cela les a soulagés. Nous avons répété dans le théâtre de Beauvais où nous nous somme retrouvés le lendemain à 10 heures pour faire un dernier filage, et un pique nique avant le spectacle de 13h45.

4- Nous avons joué « Ouvrez-la ! » à 13h45 au théâtre de Beauvais, devant 80 personnes. Les classes de 3ème n’ont pu venir car c’était le Brevet blanc. Des jeunes d’un centre d’éducation fermé, du public de l’Ecume, des jeunes de la maison d’enfants, des anciens, bref un tout public. J’avais préparé ce spectacle en pensant à un public de scolaire. J’ai eu assez peur car nos scènes concernaient vraiment les jeunes et je ne voyais pas comment des adultes pourraient intervenir. En tant que joker, j’ai donc proposé aussi à des adultes de venir accompagner les jeunes, ou d’agir en tant qu’ adulte.

Nos cinq scènes ont eu un beau succès :

. Un marchand de tabac insulte des enfants de « foyer » parce qu’ils ont abîmé sa vitrine.

. Une jeune fille se fait moquer par ceux de sa classe car elle est « grosse », mal habillée et qu’elle n’est pas aimable.

. Des jeunes au collège viennent se moquer d’un jeune handicapé, celui qui prend sa défense est pris à parti.

. Un jeune d’origine maghrébine se voit refuser un stage alors qu’une copine de sa classe l’obtient après son passage.

. Une jeune fille se fait tourner par des plus âgés.

Il y a eu 4 à 5 interventions sur chacune des scènes, des jeunes venant argumenter avec des notions de droits, d’autres discutant pied à pied avec les adultes sans se départir de grand calme.

Le groupe a bien réagi en forum et ont joué avec leurs émotions. Le spectacle a duré 1h40.

  Après le départ des spectateurs, nous avons fait un bilan rapide du travail.

Les jeunes qui souvent étaient froids et distants lors des « ça va? ça va pas? » des fins d’ateliers, ont un peu lâché des mots doux : Certains voulaient recommencer l’année prochaine, malgré leur ennui, ils avaient beaucoup appris et apprécié.

Les jeunes adultes, eux ont été dithyrambiques : C’était formidable, ils avaient beaucoup avancé…

Ils voulaient continuer.

Nous aurons un bilan le 20 juin avec l’équipe de l’écume du jour. Nous imaginons déjà des perspectives pour l’année prochaine.

 

 

Un atelier mêlant élus, salariés municipaux et habitants de Montataire en 2000

35 participants élus, salariés de la ville et habitants

300 spectateurs

5 professionnels de la compagnie mobilisés

70 journées/comédien

La municipalité de Montataire s’est engagée dans des opérations de participation des habitants en ce qui concerne les travaux et équipements collectifs à réaliser.

Si le bilan de ces opérations menées par la ville s’avère très positif, la mairie nous a demandé de les aider à faire un pas de plus en ce qui concerne la participation des habitants.

Il s’est donc agi de mener un travail de réflexion et de propositions sur la question de la participation des habitants avec trois groupes d’acteurs porteurs de points de vue et d’enjeux différents : l’équipe municipale, les services municipaux et les habitants.

Ce travail s’est fait en théâtre de l’Opprimé avec trois groupes.

10 élus : le maire  et le bureau municipal.

15 salariés :Issus des services à la population, des espaces verts, de l’administration générale, de la communication, de la politique de la ville (de statuts très divers allant de chefs de service à emploi-jeunes)

10 habitants :issus  du quartier  d’habitat social comme de la partie vieille de  la ville, de tous âges et plusieurs origines.

 

Le déroulé du travail :

Après une première journée commune pour lancer l’opération, chaque groupe a travaillé de manière séparée de manière à leur permettre de faire leur propre bilan, d’affirmer leur volonté commune et enfin de poser les questions qui sont les leurs dans l’objectif de construire ensemble l’avenir.

A l’issue des ces premières journées séparées, chaque groupe avait construit une à cinq séquences théâtrales ayant pour objet de poser aux autres groupes les questions qui sont les siennes.

Est alors venu le temps de réunir les trois groupes :

Chaque groupe est arrivé vers les autres  avec ses propres productions en théâtre-forum. Celles-ci  ont été jouées et mises en débat théâtral ; Etait venu le temps de la confrontation, de la réflexion, de l’imagination de propositions et de leur négociation entre les divers participants.

A partir de là, le grand groupe a travaillé à mettre en scène les questions, propositions et enjeux qu’il voulait et pouvait porter au débat public plus général en vue de la représentation de théâtre-forum . Ce fut le temps de l’écriture, de la mise en scène puis des répétitions.

 Le spectacle de théâtre-forum

Il a été donné le 30 juin sous un chapiteau sur la place de la mairie.

300 spectateurs de la ville ont été réunis.

Deux heures de théâtre et de débat sur les difficultés de fonctionnement des services municipaux, sur les relations des habitants, des élus et des services, sur les manquements de concertation, sur les difficultés de conduire une action de participation de la population…

Nota : en septembre 2000, une reprise du spectacle produit a été donnée pour l’ouverture de « Place Publique » au sein du Festival International de la ville de Créteil.

Le bilan de l’action a été fait avec l’ensemble des participants en novembre 2000 suivi d’un bilan prospectif fait avec le maire de Montataire.

 

COMPTE RENDU DES PROBLEMATIQUES SOULEVEES

PAR LE GROUPE TRIPARTITE ENGAGE DANS L’ACTION THEATRE_FORUM 

 D’avril à Septembre, un groupe tripartite, composé de salariés volontaires de la ville, d’habitants et d’élus a utilisé le théâtre-forum pour travailler sur les problématiques qui se posent dans la ville.

Notre sujet de départ était et restera : comment avancer dans la participation des habitants à la gestion de la ville.

Très vite il s’est avéré que nous devions prendre en compte les questions soulevées par les salariés de la ville concernant le fonctionnement des services : nous avons compris, à travers des exemples bien concrets, qu’il est nécessaire de promouvoir la participation des salariés dans le fonctionnement des services municipaux pour réussir les actions qui se font avec la participation des habitants.

Le groupe tripartite s’est réuni le 7 novembre pour tirer un bilan complet de son action et pour envisager comment donner des suites concrètes pour faire avancer les problématiques que nous avons mises à jour.

Nous vous donnons ici la liste des difficultés de fonctionnement que nous avons soulevées car nous voulons que chacun soit informé de notre travail et que tous puissent y participer d’une manière ou d’une autre ; ainsi, vous êtes invité (e) a vous joindre à nous dorénavant (nous vous dirons bientôt selon quelles modalités).

Nous ne donnons que des difficultés car nous avons travaillé sur ce qu’il faudrait changer, et il n’y a aucune raison de remettre en cause tout ce qui satisfait tout le monde. Tout ne va pas mal, loin de là, mais il y a aussi des choses qui vont moins bien et qui, au bout du compte,  sont préjudiciables à tous. Nous avons fait le choix de dire car nous pensons qu’on ne peut améliorer sans avoir d’abord fait un diagnostic clair.

Nous ne pourrons pas tout améliorer parce que rien n’est jamais si simple. Il ne suffit pas de dire « Il faut » ou « Y’a qu’à ». Tout changement amène des effets et il faut les mesurer avant. Nous n’avancerons que petits pas à petits pas, en limitant les heurts et en mesurant à chaque fois ce que nous avons produit ensemble. Et surtout, nous avons décidé que nous arreterions là notre travail si les salariés de la ville ne s’y engagent pas avec nous. A vous donc de nous dire ce que vous pensez et ce que vous voulez.

 Voici la liste des problématiques sur lesquelles nous avons travaillé :

1/ Les priorités des priorités :

Les urgences.

Il s’avère que la charge de travail est parfois très lourde dans certains services et que le fonctionnement de la municipalité avec des groupes de travail d’habitants augmente encore la quantité de travail et surtout la quantité des travaux à faire en urgence.

On ne comprend pas toujours l’urgence.

Les salariés du bas de la hiérarchie se voient ainsi assez régulièrement donner des tâches à réaliser en urgence, en plus des autres, sans qu’ils ne comprennent à quoi cette tâche urgente va réellement servir et pourquoi elle est si urgente. Une urgence qui arrive sur un bureau, cela désorganise le travail du salarié et, s’il ne partage pas les raisons de l’urgence, c’est le désagrément qui l’emporte.

« On ne contredit pas un élu ».

Nous avons aussi noté qu’il n’est pas simple, pour les chefs de services et directeurs, d’alerter les élus sur le fait que les délais  annoncés ou exigés par les élus pour répondre aux habitants ne sont pas réalisables. La règle semble être :  « on ne contredit pas un élu ». Dans quelques dossiers, nous avons vu les conséquences que cette difficulté dans la relation élus- responsables. Un travail de clarification est engagé et doit se poursuivre.

Quand l’urgence oblige à la précipitation.

Le fonctionnement de tous dans l’urgence  a parfois amené à des ratés dans la relation avec des habitants et des associations qui peuvent parfois être lourdes de conséquences.

2/ La concertation

On ne sait pas tous quel est le projet de la mairie et on ne sait pas toujours ce que les élus attendent de nous.

Bon nombre de salariés municipaux ne sont  pas vraiment informés  du travail actuel que fait la municipalité avec les groupes de participation des habitants.  Ainsi, il semble qu’une bonne part du personnel municipal ne sait pas quels objectifs concrets sont poursuivis par la mairie et surtout ce que les élus attendent des salariés.

Si l’objectif de la municipalité est d’associer le plus possible les habitants à la gestion de la ville, cela ne peut avancer que si chaque service, chaque salarié porte cet objectif dans le quotidien de son travail.

Même si des efforts sont faits pour informer les salariés, il semble qu’il reste du travail à faire dans ce sens.

Quel est le rôle des salariés ?

Les salariés de notre groupe ont posé finalement une grande question : celle de leur rôle et de leur légitimité : le conseil municipal est élu donc légitime, les habitants sont légitimes comme habitants, les élus et les habitants mènent des actions ensemble et ils ont chacun des objectifs propres qu’ils négocient. Dans cette configuration, les services municipaux ont tendance à être définis comme l’outil des élus. Mais les salariés sont des personnes et des citoyens ; elles ne peuvent donc être seulement un outil. Quel est leur rôle ? Qui sont-ils ?

Participation des habitants et participation des salariés.

Nous sommes arrivés à nous dire que, pour développer la participation des habitants à la gestion de la commune, il faut aussi développer la participation de l’ensemble des  salariés à l’organisation des actions des services afin que le travail produit par chaque service serve, appuie le projet municipal. Pour cela il faut que chacun, à tous les degrés de la hiérarchie, non seulement  sache réellement ce que sont les objectifs municipaux, mais aussi soit en capacité de proposer, de négocier, d’imaginer comment travailler dans ce sens.

3/ Les projets et propositions des salariés :

Des projets non aboutis.

Nous avons beaucoup parlé de projets qu’ont proposés  des salariés pour améliorer le fonctionnement de leur service. Il semble que bon nombre de ces projets ont été sans suite, et souvent sans explication de fond, sans que le salarié sache pourquoi son idée n’a pas été retenue, qui l’a jugée non intéressante ou non réalisable. Il semble qu’il y a là une richesse qui n’est pas assez prise en compte et qu’il y a parfois de grosses déceptions qui peuvent amener le salarié à se désinvestir, à ne plus y croire, à être dans la déception et le sentiment de ne pas être reconnu.

Le théâtre-forum que nous avons fait à Montreuil a amené le maire de Vanves sur scène pour nous proposer un groupe particulier chargé du suivi de tous les projets issus des salariés. Cela est peut-être une bonne proposition mais elle pose à son tour d’autres questions. En tout cas, notre groupe pense qu’il y a quelque chose à inventer.

4/ La communication interne :

Nous avons repéré que, si de gros efforts sont faits dans ce sens, la communication entre les différents services vit beaucoup de ratés ce qui amène à des incohérences et à des pertes de temps et d’énergie pour tous.

Des services parfois en difficulté de collaboration.

Chaque service a ses missions et ses objectifs, et les chefs de service les mettent en place. Il arrive que des salariés de base d’un service doivent être en contact avec un autre service. Ils ont alors parfois à porter une demande de leur chef qui n’est pas vécue comme prioritaire par l’autre chef de service, ils se retrouvent parfois en position délicate.

Cette question de l’amélioration de la communication et de la concertation entre les services est très difficile à résoudre. Il nous faudra faire un gros chantier de travail ensemble pour être en mesure d’imaginer des modes qui satisfassent l’ensemble des partenaires.

On ne connaît pas tous bien la mairie.

Nous avons aussi remarqué au cours de notre travail que les salariés de base d’un service ne connaissent pas forcément l’ensemble des services de la mairie et ne peuvent donc orienter les habitants efficacement. Il faudra réfléchir aux moyens à mettre en œuvre pour donner à chaque salarié une vision de l’ensemble des services.

5/ Les relations salariés-élus :

Les élus et les salariés n’ont pas les mêmes contraintes,

les mêmes objectifs et les mêmes problématiques à gérer.

Et si on pouvait en parler ensemble ?

Le travail de notre groupe tripartite a été très riche d’enseignement pour tous. Les élus disent y avoir pris conscience de problématiques portées par les salariés, les salariés ont eux aussi compris des objectifs et des contraintes des élus qu’ils ne connaissaient pas avant. Il semble que les relations directes des élus et des salariés devraient être développées car elles produisent des résultats riches.

Des salariés disent : » les élus organisent des réunions de concertation avec les habitants mais pas avec les salariés ».

Mais les salariés, à quelques niveaux qu’ils soient situés, ne peuvent être sans cesse en réunion et les élus ont peu de temps disponible. Il reste à imaginer ce qui est possible dans ce sens, quelles rencontres sont à faire avec les élus et quelles réunions peuvent être prises en charge par les Directeurs et les chefs de service.

Lorsque les élus n’appuient pas assez les services.

Des missions générales sont données à des services par les élus. Les services engagent alors le travail et, en cours d’action, ont parfois du mal à obtenir le soutien clair et affiché des élus parce qu’ils n’ont pas pu s’expliquer clairement avec eux sur les enjeux de leur demande. Cela amène parfois l’impression pour les habitants de doubles langages ou d’incohérences.

6/ La participation des salariés aux groupes de travail menés par les élus avec des habitants :

Il y a actuellement 8 groupes de travail de la sorte. Ils sont animés par un élu et des techniciens chefs de service concernés. Les élus en sont arrivés à se demander s’il ne serait pas utile d’intégrer plus de salariés de base à ces groupes.

Le groupe multipartite pense que la proposition des élus pourrait répondre à quelques-unes des problématiques soulevées plus haut. Reste à imaginer et mettre en place des choses possibles dans ce sens.

7/ Les relations habitants-salariés

Lorsque l’agressivité est là, comment gérer ensemble ?

Nous avons eu des récits de difficultés des salariés au contact avec les habitants, par exemple, il est arrivé que ceux qui travaillent sur la voirie se fassent agresser par des jeunes ou que des techniciens se retrouvent face à des critiques acerbes d’habitants sur leur service. Cette question est une question délicate qui dépasse largement le cadre qui est le nôtre mais il reste à chercher ensemble comment situer les salariés vis-à-vis des habitants, quel travail est à faire pour gérer au mieux ces difficultés.

8/ Les marges de souplesse des services

Quelle marge d’autonomie et de souplesse de fonctionnement peuvent avoir les services et les salariés dans les services pour régler des situations qui posent problème dans la relation aux habitants. Est-il utile de faire parfois une exception ? Jusqu’ou aller ? Comment réguler cela alors ?

9/ La participation au groupe tripartite

Tout au long de l’atelier que nous avons mené jusque-là, certains des participants salariés ont eu des difficultés avec leurs collègues du fait de leur participation. Pour exemple, des collègues ont dit à des participants « tu te fais avoir à justifier ainsi les élus et la hiérarchie» «   Tu vas jouer et prendre du bon temps pendant qu’on se tape ton travail » «  Ca sert à rien votre truc » «  tu dis du mal de nous à cet atelier» . Certains ont abandonné, ne voulant pas se désolidariser des collègues avec lesquels ils ont besoin d’avoir de bonnes relations tout au long de l’année, d’autres sont restés, mais ont eu à faire face à leur culpabilité ou à leur gène, d’autres enfin ont participé sans aucunement être mis en difficulté par d’autres salariés…

La plupart des salariés n’ont pas participé, certains par désaccord clair avec la démarche, d’autres ont dit qu’ils n’avaient pas été informés, d’autres encore n’ont pas jugé ce travail prioritaire, d’autres encore ont eu peur de se mettre en position délicate, d’autres ont pensé que ce serait le lieu de règlements de comptes personnels, d’autres ont pensé que tout cela ne servait à rien ou n’ont pas pensé que cela puisse aboutir à des changements concrets ou qu’ils seraient manipulés puisque le travail était proposé par les élus, d’autres ont estimé que cette action prenait la place des syndicats…

Les salariés qui ont participé se sont eux aussi posé toutes ces questions et nous nous nous les sommes posées tous ensemble. Nous avons conscience que notre action comporte des lacunes, qu’il y a bien d’autres moyens pour s’atteler à une telle tâche, que notre action n’est que partielle et comporte des risques.

Nous savons aussi qu’aucune action n’est pleinement satisfaisante à tous les points de vue mais qu’on ne ferait jamais rien s’il fallait attendre d’avoir trouvé comment agir à la perfection.

Nous avons compris que rien n’est jamais si simple et facile quand on veut changer des choses, que les freins sont lourds, que les peurs sont grandes et légitimes. Nous avons vécu aussi l’expérience que prendre en compte les points de vue différents des autres n’est pas aisé et qu’aboutir à des propositions communes entre élus, habitants et salariés alors que les points de vue ne sont pas les mêmes au départ est un exercice délicat qui amène parfois à changer d’idée, parfois à abandonner une proposition à laquelle on croyait parce qu’elle n’est pas retenue par les autres… Ce sont les règles de tout travail démocratique.

Si nous voulons continuer ce travail tripartite commencé, il va maintenant devenir nécessaire de clarifier les relations de ce groupe tripartite avec les syndicats et avec les responsables hiérarchiques aux différents niveaux.

D’autres questions ont été soulevées que nous n’avons pas pu avancer plus loin :

La question des travaux sous-traités à l’extérieur : La municipalité confie certains travaux à des entreprises extérieures. Il semble que certains salariés regrettent que telle ou telle tâche soit confiée à l’extérieur et ont le sentiment qu’il s’agit parfois de tâches intéressantes et valorisantes et qu’il serait intéressant de revoir la définition de ce qui doit être confié à l’extérieur et de ce qui doit rester au personnel municipal.

Les associations para-municipales : Des associations se sont vues confier par la mairie des missions particulières et sont subventionnées pour cela sur la base d’un contrat. La relation personnel associatif-personnel municipal, la relation entre objectifs municipaux et objectifs associatifs n’est pas toujours simple à gérer.

La question de demandes des salariés votées par le CTP et refusées par les élus.

La question des moyens de communication sur le terrain pour les salariés qui font des travaux exposés à l’extérieur. Cette question semble avoir trouvé sa solution depuis.

La question de la notation. Nous n’avons pas travaillé assez sur cette question pour vous transmettre une problématique claire et partagée par tous ceux qui ont participé au travail.

Les réorganisations de services : Il arrive que certains salariés, au cours d’une réorganisation de leur service, se voient repositionner d’une manière qu’ils jugent rétrogradante. Cette question est compliquée car elle fait appel à des conflits qui demanderaient à être longuement analysés. Cette question étant parfois très personnelle, nous ne l’avons pas avancée jusqu’au bout. Reste qu’elle se pose.

L’organisation du travail et les missions à la journée ou à la demi-journée : il y a parfois des pertes de temps du fait de l’organisation générale et des moyens du service. Il y a aussi parfois des problématiques anciennes, mais cela est une autre question qu’il ne nous appartenait pas de traiter.

La question de l’avenir des personnes en emploi jeunes a l’issue des cinq années : les personnes concernées ont peur pour leur avenir.

Il y a aussi les questions qu’ils posent sur leur intégration et leur reconnaissance de professionnels à part entière dans les services dans lesquels ils sont affectés.

La question de la régulation des rapports salariés-chefs de service  lorsque les mauvaises relations s’installent lorsque chacun n’est pas content de l’autre et que les non-dits se creusent. Cela pénalise évidemment le service, la chef de service et le salarié. Il y a des questions de compétence, des questions de relations… Ce point a été soulevé très légèrement et non traité car toutes les situations sont différentes et complexes. Parfois, cependant, au détour d’une situation qui semble particulière, il y a une question de fonds qui est soulevée et qui serait à relier avec les premiers points abordés plus haut.

D’autres problématiques ont été soulevées par les habitants et les élus qui concernent moins le fonctionnement des services :

Les ratés de concertation entre la mairie et des associations.

Les relations jeunes-adultes et jeunes-mairie

La reconnaissance du travail bénévole de citoyens de la ville

La cohésion et l’échange entre les habitants du bas et ceux du haut

Les relations des habitants et de la mairie avec les HLM

Les réunions élus-habitants

 

DESCRIPTIF  DU SPECTACLE CREE

LES PETITES SCENES :

ÉLUS

1/ Chez SOLAC ( Danièl et Pascal ou Jean Paul)

2/ Le Pistolet ( Jocelyne et Annie Quentin)

3/ La fille au centre aéré ( Marie Paule et Lydia)

4/ La fuite d’eau le soir (Jean-Pierre et Claude

HABITANTS

5/ Quand tu verras le maire ( Claudine et henriette)

6/ Près des élections (Mamadou et Sabah)

7/ Ca va me rapporter quoi (pascale et jean-Joakim)

8/ Le jeune qui a peur de dire ( Driss et Josette)

SALARIES

9/ La secrétaire entre deux chefs (Nathalie, gérome et Micheline)

10/ Si vous l’aviez dit avant (Nicole, marianne, Stéphanie, Myriam)

11/ Les services techniques ( Ludovic, Annie, Robert, Katia, Chantal)

12/ Le costume multicolore (Fernand et Jean-Paul)

LES GRANDES SCENES

13/ Josette et le théâtre : Josette- elle même, Jean joakim-prof de théâtre, Henriette-costumière, Jocelyne-élue, Claudine-copine, Sabah-amie, Marianne-salariée, Nicole-institutrice, plus les gens du théâtre : Mamadou, Myriam, Pascale,

14/ La bibliothèque : Nathalie et Nicole-les deux salariées, Micheline-chef, Henriette et Myriam-les deux habitantes

15/ Le CCAS : marianne-salariée, katia-1ère chef, Driss-2ème chef, Claudine-mère, Jérome-l’enfant.

16/ Le cailloutage : Jean Paul ramat et jean Paul Legrand : les deux employés, Jean-Joakim, Chantal, mamadou, Myriam les jeunes.

17/ Le Raï : Stéphanie-elle même, Robert-Driss, Lydia-élue, Jeune qui rale : Ludovic, le jeune qui insulte : mamadou. L’école de musique : annie. Le jeune du groupe : jérome. Le maire-lui même, Un père- Driss, Un jeune content : Myriam.

18/ Locaux femmes solidaires : Pascale= Martine, Annie Leclerc = médiateur, Jean Paul= Service, Annie quentin= Présidente, Marie Paule = élue, Myriam= copine, Mamadou= maire.

19/ Centre commercial des Hirondelles : Le maire=lui même, Claude ou Danièl pour l’adjoint chargé du dossier, jeanPaul= HLm, Jean Joakim= HLM, Jean Paul Legrand et fernand = les services techniques plus Annie, Myriam, Marianne dans les services techniques.

Henriette, Josette et Mamadou dans les commerçants plus Pascale, et Claudine pour les habitants.

 

 

 

 

 

 

Une formation professionnelle aux démarches participatives à l’ENACT d’Angers en 2006

Il s’agit d’une formation professionnelle de 8 journées menée conjointement par Cette formation a été dirigée par : Suzanne Rosenberg -consultante- et NAJE pour l’ ENACT d’Angers (Ecole nationale de formation des cadres territoriaux).

Cette action de formation est menée une fois par an à l’ENACT d’Angers et a semé ses graines ailleurs aussi puisque nous avons mené en 2006 des formations similaires pour la ville de Brest, pour le CNFPT de la Réunion… 
Le compte rendu ci dessous est celui de l’action de 2003. Chaque formation menée depuis est différente bien sur mais menée selon le même schéma

JOURNEE 1

Présentation de la thématique et du stage par Laurent Sochard, cadre pédagogique (1h)
Présentation de la démarche du théâtre-forum et de la session par Fabienne Brugel et Jean-Paul Ramat. 
Jeux et exercices : 
Les jeux et exercices permettent de mettre chacun en situation d’exploration. Ils sont d’abords mis en œuvre puis suivis d’un temps de retour et d’analyse en groupe. 

 L’espace stop qui permet la rencontre entre les personnes, la constitution du groupe et permet également de travailler sur la notion de co-construction collective avec les différentes subjectivités de chacun. 

 L’aveugle au prénom : il s’agit d’un jeu où l’un ferme les yeux et est guidé par l’autre. Cet exercice permet d’aborder la question de la confiance : comment elle peut être donnée, comment faire pour que la confiance de l’autre arrive, comment être en capacité de changer de rôle dans la relation avec les habitants. 

 Les trois bombes : mise en œuvre d’un type de moteur des groupes et structures (je me protège d’un tel, je protège tel autre, je veux rester à égale distance de deux autres…)

Récits de situations problématiques concernant la participation des habitants par le stagiaires.
Ces récits se font deux par deux dans un premier temps puis sont mutualisés en groupe. Quatre histoires sont choisies par le groupe pour être travaillées. Mise en scène de ces quatre situations en quatre groupes, chaque groupe étant dirigé par le porteur de l’histoire qui met en scène la situation dans laquelle il est impliqué. 
Présentation et travail d’une des quatre séquences théâtrales au grand groupe. Il s’agit d’une réunion publique organisée par la mairie dans laquelle le protagoniste n’est pas présent avec un statut ni une fonction de professionnel mais est là comme habitant. Il s’agit d’une réunion sans thème et sans cadre précis où s’institue un jeu de questions réponses entre le maire et les habitants perçus individuellement. Une habitante monopolise la parole. Le protagoniste ne trouve dans cette réunion publique ni un réel lieu de parole, ni un lieu d’échange, ni un lieu de co-élaboration. Il a le sentiment d’être au cœur d’un système bien rodé dans lequel il n’a pas sa place. 
Une fois la scène jouée, le groupe fait l’analyse de ce qu’il a vu. Puis il se place tour a tour dans la place du professionnel animant la réunion aux cotés du maire et de l’habitant et verbalise de cette place ses sentiments, désire, volontés…

JOURNEE 2

Temps d’échange du groupe et des formateurs sur la journée de la veille. Jeux et exercices : aveugle code, qui permet de travailler sur l’élaboration d’un code commun entre deux personnes qui n’ont pas à priori les mêmes codes subjectifs. 
Reprise de la séquence vue la veille. 
La séquence est remise en jeu et, en se plaçant à la place de l’habitant, le groupe essaie de faire évoluer la situation. Nous travaillons alors sur les marges de manœuvre possible pour les habitants. En effet, il apparaît que le cadre institué de la réunion publique ne permet pas un travail sur le rôle du professionnel dans la séquence, que ce travail de positionnement du professionnel ne peut être imaginé qu’ en amont (comment préparer le cadre et l’organisation d’une réunion publique). Le forum permet ainsi de travailler sur la place des habitants, sur la question de la politisation et l’élargissement des thématiques locales aux thématiques globales (la transformation du service pubic à l’échelle nationale par exemple, sur la place et la fonction de l’animateur professionnel, sur la question du contre pouvoir, sur la question de l’ordre du jour et l’intérêt d’en établir un ou non, de le tenir ou non…
Travail en théâtre image
Une image de la réunion est proposée par l’animatrice et le groupe est appelé à modifier cette image pour proposer ce que pourrait être une image idéale de cette réunion publique.
Points abordés avec la recherche d’images idéales sur cette séquence : 
Nécessité de clarifier les différents types de réunion et leurs objectifs. Préciser la place et le rôle de l’élu dans une réunion publique. Comment accompagner comme professionnel l’élu dans sa compétence Nécessité ou non d’un ordre du jour. Nécessité de définir clairement l’offre de participation, Peut on proposer la participation sur tout ? Quels habitants sont invités, lesquels viennent ? Comment accueillir les nouveaux arrivants dans une démarche en cours Que faire des prises de parole hors cadre des habitants ? Quels techniques de travail proposer en réunion ? Un habitant peut-il co-diriger la réunion publique ? et comment s’y préparer avec lui ? Comment travailler en amont entre élu et technicien pour préciser ce qu’on attend de cette réunion et ce qu’on propose aux habitants ? 
Présentation de la deuxième séquence théâtrale préparée la veille intitulée « la peur du contre pouvoir » et mise en forum de la séquence. 
Il s’agit d’une séquence qui se joue entre les élus et les techniciens en bureau municipal. Le technicien essaie d’obtenir la mise en place de comités d’usagers. L’élu référent a peur que ces comités deviennent des lieux de contre pouvoir et veut choisir lui même les habitants qui y auront accès. Un autre élu est d’accord avec la proposition du technicien mais ce n’est pas lui qui décide.

Les interventions de forum ouvrent plusieurs pistes et questionnements :

 Comment le technicien peut il élaborer et proposer une méthode de travail qui soit en mesure de sécuriser l’élu et pour autant d’aboutir à un réel comité d’usagers . 

 Comment décider ensemble (élu et technicien) de la liste des gens qui seront invités

 Comment travailler avec l’oppsition municipale. 

 Comment différer la mise en place d’une opération et prendre le temps de la préparer avec son élu. 

 Comment faire « alliance » avec les élus convaincus.

Présentation de la troisième séquence théâtrale préparée la veille.
Il s’agit d’une séquence mettant en question l’après consultation des habitants. Un grand nombre de propositions ont été faites par les habitants et un grand nombre ont été actées, plus qu’il n’est possible de mettre en place du moins à court et moyen terme. 
La mise en forum de cette séquence amène le groupe sur plusieurs thématiques : Comment mettre en place de nouvelles actions lorsque les salariés municipaux sont débordés ou non volontaires ? Comment négocier de nouveaux moyens pour les services afin qu’ils soient en capacité de répondre à la commande du maire ? Comment prioriser des actions et en retarder d’autres ? Fuit il reconvoquer les habitants pour faire cela avec eux ? Comment travailler avec les habitants a l’élaboration d’un calendrier de mise en place une fois la consultation faite ? Quand ?

Présentation de la quatrième séquence théâtrale préparée la veille. 
Il s’agit d’une rencontre de différentes structures après la mise en place d’une action par l’un des services pour les jeunes et qui souhaite que cette opération soit également prise en charge par d’autres structures. 
Le forum fait apparaître que les autres services n’ont pas été consultés avant la mise en place de cette opération et que se confrontent là des points de vue très différents sur la question des jeunes et de l’argent.

Bilan de la session 
Le bilan fait apparaître plusieurs questions à mettre en travail : La question du temps : celui de l’élu, celui du technicien et celui de l’habitant. La notion d’accompagnement des différents protagonistes d’une action (élus, administratifs, citoyens , techniciens) Comment interroger sns cesse les concepts et ce qu’ils contiennent Le positionnement du technicien et sa capacité de dire non La necessité de développer sa créativité pour imaginer des pistes nouvelles en se dégageant des jugements à priori et des contraintes intériorisées Comment avancer en respectant la spécificité de chacun Le travail dans la complexité.

JOURNEE 3

Présentation de chacun à travers l’une des quatre histoires mises en scène au cours des deux premiers jours

1. Conseil de quartier

2. Création d’un comité d’usagers dans un centre social

3. Assises : 94 propositions en ressortent

4. VVV

Questions soulevées ou débattues :

Participation et partage du pouvoir

Maîtrise de la démarche et peur du contre-pouvoir

Tous les sujets peuvent-ils être participatifs ?

Rapports temps courts/temps longs, temps des uns et des autres

Rapport entre problèmes locaux et problèmes nationaux (complexité et compétences respectives)

Rapports intérêt général/intérêts particuliers

Sincérité versus communication publicitaire

Rapports aux élus (démocratie représentative/participative)

Définition de la démocratie participative (n’est-ce pas plutôt démocratie consultative ?)

Obligations légales

Au-delà de l’information, la concertation comme socle minimum de la participation ?

Comment défendre l’idée que l’on ne sait pas où l’on va ?

Méthode et organisation

Quel cadre ?

Différents types de réunions et objectifs

Différents modes de fonctionnement

Ordre du jour

Prise de décision et suites données,

savoir dire non

Partenariat
 Rôle et place des habitants 
S’agit-il de clients ? de citoyens ?

Bénévolat versus rétribution ou indemnisation

Place des nouveaux habitants (par rapport aux habitués des réunions)

Rôle et place des professionnels

Rapport aux collègues

Rapports entre élus et techniciens

Qui doit animer ?, gestion de la parole

Transversalité des services

Types d’accompagnement possibles 
Interventions

Le cadre 
La délibération

Représentation et participation

Objectifs de participation en rapport avec les 4 histoires

En 4 groupes, travail sur les objectifs supposés des différents partenaires

OBJECTIFS DE PARTICIPATION SELON LES HISTOIRES MISES EN SCENE

poursuivis par les élus : 

 

s’impliquer dans le quartier, (re)nouer le dialogue 
 diffuser l’information aux citoyens 
 favoriser un climat de paix sociale, changer les perceptions des uns sur les autres 
 impliquer les usagers

repérer les besoins 
 moderniser l’action publique 
 changer les pratiques de l’administration municipale

s’affirmer comme élu, être en représentation 
 se faire réélire 
 repérer ses faiblesses 
 ne pas perdre le contrôle 
 connaître l’état de l’opinion des habitants 
 se rassurer

faire passer ses valeurs 
 respecter son programme électoral, mettre en œuvre une politique 
 (re)définir un projet de ville

Poursuivis par les fonctionnaires :

observer, mieux connaître la ville 
 s’informer, se tenir au courant 
 écouter et comprendre

élaborer en commun un projet 
 donner la parole à ceux qui la demandent comme à ceux qui ne la demandent pas

mettre en œuvre la politique en fonction des attentes 
 repérer les besoins de la population 
 faire évoluer le service en fonction de ces besoins 
 adapter le projet

instaurer un climat d’échanges élus/habitants

valoriser une population 
 faire connaître le travail des services à une population 
 que le prochain projet du service associe les usagers (CCAS)

Poursuivis par les habitants les citoyens

être informé 
 faire des rencontres 
 s’investir individuellement 
 s’exprimer (y compris un mécontentement), se faire entendre 
 rompre l’ennui 
 se donner de l’importance 
 se faire reconnaître individuellement et collectivement 
 porter des projets

En cas d’indemnisation : 
 avoir de l ‘argent (indemnisation) 
 avoir (ou donner) une activité, une occupation 
 donner un sens à son temps de vie (utilité sociale, reconnaissance) 
 NB Il y a également des objectifs de non participation à cause de l’indemnisation (cela casse l’économie parallèle, cela prend l’emploi de vrais travailleurs, l’argent va être utilisé pour favoriser des conduites addictives)

défendre des intérêts particuliers 
 contester le pouvoir en place 
 faire la taupe

NB Il y a également des objectifs de non participation à cause de l’indemnisation (cela casse l’économie parallèle, cela prend l’emploi de vrais travailleurs, l’argent va être utilisé pour favoriser des conduites addictives)

JOURNEE 4

Rencontre d’Hervé Carré, maire-adjoint à Angers, chargé de la solidarité Préparation

Dialogue

Repères 
Démocratie participative/représentative. 
Inversion offre/demande de participation.
 Démocratie délibérative. 
Offres de participation et politiques publiques. 
Exposé.
 Une méthode de formation-action : la qualification mutuelle.

JOURNEE 5

Temps d’échange autour de ce qui ‘est passé sur les terrains de chancun en rapport avec la première session de formation.
Bon nombre de situations sont relatées posant quelques questions que nous retenons :
Comment former les élus à la démpocratie participative ?
Comment aider les habitants à passer du récit de leurs porblèmes personnels à du collectif ? Qu’est ce que l’interêt collectif ? 
Comment entendre les idées formulées par les habitants en sortnt de son propre cadre mental ? 
Comment avancer avec les habitants sur la notion de confiance ? 
Comment passer de la démocratie participative sur la couleur de la moquette aux grands enjeux internationaux et politiques ?

Jeux et exercices : 
Le massage du boulanger : Il s’agit d’un massage tonique qui se pratique par deux et permet de se confronter au toucher de l’autre mais aussi il constitue un temps de bien être qui semble nécessaire à tous après la mise à plat des situations problématiques dans lesquelles bon nombre de stagiaires sont impliqués. 
Se placer dans l’espace : Un espace fort est proposé par les formateurs construits avec une table, des chaises et une poubelle organisés en un espace signifiant. 
Chaque participant doit symboliser cet espace pour eux mêmes puis s’y placer selon trois consignes : là ou j’ai le senitment d’être, là oùm je voudrais être et là où je ne voudrais pas être. 
Après avoir pris ces trois places différentes, les stagiaires sont invités à expliquer pourquoi au groupe. Un échange des positionnements professionnels et déontologiques de chacun s’ouvre alors. Il s’agit d’un temps très fort entre les participants. 
La bouteille et l’évanouissement : cet exercice permet de travailler sur la question de la confiance et du lacher-prise.

Mise en scène de quatre situations retenues parmi les récits faits en première partie de matinée. (en quatre groupes) et travail d’analyse de deux de ces situations
 : Une réunion de quartier prévue pour présenter les projets urbanistiques sur l’ensemble de la ville. Les habitants ont tendance a ne parler que de points concernant leur propre rue ou de leurs factures EDF. Ils sont venus là non pour s’informer sur les projets de la ville mais pour poser au maire leur problème personnel. 
Une réunion avec des représentants d’associations et des familles sur un thème particulier . Les présents parlent de leur situation personnelle et les techniciens ne savent pas que faire avec cela. Les techniciens ont invité un représentant de la ville qui arrive avec une demande de participation à une opération de la ville. Les habitants posent alors d’autres questions concernant la circulation et non l’urbanisme. les techniciens se demandent comment diriger le travail pour qu’il soit productif.

JOURNEE 6

• Temps d’échange sur le travail fait la veille afin de réorienter si nécessaire le travail de la sixième journée. L’accent est mis sur la nécessité de travailler l’articulation du positionnement professionnel/personnel sur la mise en travail de la question de la neutralité du fonctionnaire. 
Jeux et exercices : 
Le 8 aveugle : un temps d’expérimentation esur le fonctionnement du groupe sans leader pour se déplacer dans la pièce les yeux fermés, réaliser une figure particuliere tous ensemble sans abandonner des personnes en route et en faisant en sorte que le groupe soit mobile, souple et prenne en compte chacun. 
L’hypnose : une expérimentation de la reltion égalitaire dans un premier temps puis de la prise de pouvoir sur l’autre et de la résistance possible. 
Travail d’images : 
Chaque participant construit une image symbolisant la problématique professionnelle la plus importante selon lui à laquelle il s’affronte dans l’exercice de sa mission. 
Quelques images sont ensuite présentées au grand groupe pour être mises en travail dans le but de sortir de l’impasse et de poser la problématique d’une manière différente. 
Comment puis je permettre à mon élu de prendre sa place vis à vis d’un tehnicien qui a pris le pouvoir ?
Comment rendre vivant et joyeux un groupe d’habitans que j’anime et lui permettre d’intégrer de nouvelles personnes ?
Comment permettre aux habitants d’avoir accès aux informations dont ils ont besoin pour être force de proposition et qui leur sont cachées.
Comment me situer vis à vis de la notion de contre pouvoir ?

Bilan du groupe sur les journées 1, 2, 5 et 6 : 
Je retiens la nécessité de me positionner clairement dans la notion de démocratie participative.
J’ai été très sensible au travil en images notament sur celle mettant en scène des handicapés car je ne les ai jamais intégé dans mes actions. 
J’ai trouvé de nouvelles pistes à mes propres questions et des réponses pour avancer.
Nous avons travaillé sur les comportements des acteurs et je continue à chercher comment faire évoluer ces comportements et jeux d’acteurs.
C’était très intéressant de creuser les choses autour de la parole des habitants qui dérange, qui n’entre pas dans notre cadre…
C’était interessant de me rendre compte que je peux être acteur dans une foule et non noyé
Je reste très sensible à la nécessité de trouver les moyens de rester créatif dans mon travail
La mise en question du rôle de chacun de nous et de notre liberté à bouger les comportements et nous même me semble fondamentale.
J’ai apprécié l’approche systémique et la complexité des images sur lesquelles nous avons travaillé. 
Je conserve en tête le travil fait sur le positionnement de chacun et le repérage de ce que peut induire notre propre attitude.
Je prends conscinece de la nécessité de se donner du temps pour analyser la situation et organiser l’action.
Les deux premiers jours ont permis d’aborder des problèmes très concrets et les deux derniers ont permis de prendre du recul pour chercher les lieux de blocage, définir ce qui lie les personnes en présence et trouver des pistes de résolution.
Intérêt de se mettre à la place de l’autre pour voir commment il vit les choses et pouvoir travailler à partir de cela.
L’interêt du théâtre-forum est que nous pouvons aborder de grandes questions de fond et en démystifiant les choses.
Après un temps de déprime et de perte d’espoir, je repars bien car, dans la complexité du système, la résistance et le changement sont possibles pour moi.
J’ai des débuts de réponse sur comment faire avec « la parole de l’habitant qui dérange ». 
J’ai expérimenté la fonction de bourreau et c’était très riche pour moi de mettre cela en jeu. 
Le groupe est riche : les autres voient des choses qu’on n’aurait jamais pensé et qui élargissent notre champ de vision.
J’ai le sentiment d’avoir beaucoup travaillé sur la notion de place et sur comment elle peut bouger. 
La démocratie participative nécessite autant du savoir faire que du savoir être. Très interessant de voir qu’on peut faire évoluer des situations sans tout conaitre d’elles et que le travail en image reste très près de la réalité. 
Je reps avec la confirmation qu’il m’est nécessaire de prendre du recul pour anlaylser et de me questionner en permancence sur mon propre positionnement. C’est encourageant de vor qu’il y a toujours une alternative même s’il faut de l’audace et du courage pour la trouver.
Le travail fit sur nos situations les dédramatise.

JOURNEE 7

Transition avec le Théâtre forum

Deux images non travaillées avec NAJE la veille sont exposées et des solutions recherchées.

Commentaires sur les objectifs et les moyens de la participation.

Repères :

Principes éthiques (confiance, confidentialité, prise de risques, croyance dans la démocratie participative)

Dispositifs participatifs : tension entre lieu professionnel pour les uns

(fonctionnaires) et lieu d’expression personnelle pour les autres (habitants).

Techniques d’animation (« yeux bleus, yeux noirs », petits groupes pour faire parler les timides)

Moyen : partir de la colère, du négatif

Intérêt général/intérêts particuliers

3 arguments pour défendre la délibération (informations nouvelles, montée en généralité et citoyen vertueux, légitimité de la décision).

Objectifs de la participation, retour sur le travail fait en journée 3
Intérêts de ce travail : 
Intérêt : vous aider à vous positionner, à être efficace et critique dans un dispositif de participation auquel vous prenez part, en décryptant ce que chacun poursuit à travers la mise en œuvre de la participation.
Autre intérêt : pouvoir en discuter avec les participants et les collègues pour faire expliciter ou préciser ce qu’on recherche et inclure les collègues dans la réflexion Du coup, rechercher les techniques adaptées, se fabriquer les outils adéquats. Tableau « typologie des objectifs de participation » 
Avez-vous rempli la case « fonctionnaires » ?
Si 3 oui maxi, restitution orale et suite débat en commun
Si plus de 3 oui, travail en 3 groupes de 6 ou 7 et synthèse en grand groupe

Distribution de la synthèse de J3 « objectifs de participation… »
Mise en évidence des manques et apports par rapport au tableau « typologie » (notamment renforcement du lien social)
Présentation de la typologie de Sintomer (en précisant qu’il s’agit d’un chercheur qui fait de la comparaison internationale) : les 3 buts de la participation, (plutôt des élus) commentaires.
Essai de classification de chaque paquet de la synthèse de J3 dans les 3 types de Sintomer
Passage de la réflexion à l’opérationnel
Distribution et lecture commune de la grille d’évaluation de Sintomer

Repères méthodologiques et débats
Des habitants problème aux habitants solution
Modernisation des services et supplément de démocratie (Roubaix)
Coproduction de diagnostic et diagnostic en marchant (Tourcoing)
Conférence de consensus
Observatoire des engagements
Jury de citoyens

Travail sur les expériences ou projets de 4 stagiaires
Travail en 4 groupes de stagiaires intéressés par l’une de ces expériences
Projet d’écrit public (webzines de quartier à Tourcoing)
Conseil nantais de la jeunesse
Réforme de proximité (Orléans)
Assises de la ville (Bonneuil sur Marne)
Visionnage de « 12 hommes en colère » ou la démocratie retrouvée

JOURNEE 8

Repères et débats :

Temporalité : utilisation des mêmes principes pour une réunion d’une heure et demi ou pour une démarche de 8 journées ?

Comment constituer un groupe, règles et cadre, les énoncer et ne pas craindre de les rappeler, éviter les rapports interindividuels mais privilégier le groupe comme le seul interlocuteur valable, éviter le maternage par rappel téléphonique individuel Arguments pour convaincre de la nécessité d’une présence constante ou d’une explication sur le motif de départ (clivage professionnels/habitants, non valeur de l’habitant si cela est indifférent, rapport au groupe et non pas à l’animateur, donc besoin de savoir les motifs de départ et les conditions auxquelles il reviendrait) Trucs utilisés : assouplir la règle de l’engagement par remise de la décision à la fin du premier jour en cas de défiance, considérer la participation comme une journée de travail, donc remettre à plus tard un rendez-vous avec un employeur mais si un emploi est trouvé d’ici la prochaine réunion, absence possible mais fête en commun, considérer cette participation comme une formation professionnelle pour l’habitant

Comment sortir un groupe de l’impuissance (demander un soutien à la hiérarchie, restitution intermédiaires et portes ouvertes)

Impact des croisements des récits personnels sur la compréhension d’une organisation ou d’une population (ex. assistance sociale/usager)

Restitution des 4 expériences travaillées la veille

Débat et questions creusées
Comment rendre les habitants acteurs, comment les mobiliser ?
Comment convaincre les élus ? les services ? de mettre en œuvre une participation des habitants
Validation politique (rendu, suivi, pilotage,…)
Imbrication des échelles territoriales
Maintien de la dynamique dans le temps
Informations ascendantes et descendantes (comptes rendus, mémoire de l’action, technique de Moderniser sans exclure)
Est-ce qu’un intervenant extérieur peut stimuler un dispositif pérenne ?

Evaluation du stage : 
Chats/poissons
 Tour de table 
Evaluation écrite

 

Compte rendu d’une création professionnelle pour la DIV en 2001

Cette création a été menée en étroit partenariat avec Joelle Bordet -psycho-sociologue.

Dans le cadre du thème « participation des habitants et comment mettre en place des espaces de débat public », la Délégation Interministérielle à la ville a confié à notre compagnie la création d’un spectacle de Théâtre-Forum avec deux objectifs :
- donner aux habitants mais également aux professionnels et aux élus un outil d’échange de leurs représentations du sujet, de confrontation de leurs divergences et convergences afin de rechercher ensemble sur quelles propositions concrètes ils peuvent s’associer.
- donner aux habitants un moyen de construire une parole entendable et forte, et pour cela, les préparer et les former à utiliser le Théâtre-Forum.

Ce qu’est un spectacle de Théâtre-Forum : L’équipe de comédiens ou d’acteurs de terrain joue un spectacle qui dit une réalité, en éclaire les questions et les enjeux. Un ou des personnages incarnent notre volonté de transformation et nos difficultés à la réaliser. 
Une fois le spectacle terminé, il recommence, exactement identique, jusqu’à ce que, dans la salle, un spectateur l’arrête. Ce spectateur vient prendre la place du personnage dont il partage la vision et la volonté. Il vient confronter sa propre représentation de ce qu’il voudrait faire, de ce qu’il propose comme action transformatrice.
Les interventions des spectateurs se succèdent, soit en écho et en prolongement les unes des autres, soit en explorant d’autres pistes pour tirer la situation de départ dans tous les sens possibles et explorer tous les enjeux qu’elle contient et sur lesquelles on veut agir.
Réflexion prospective politique, le forum constitue également un moment de création à part entière ; c’est une écriture collective directe où les omédiens sont une matière que le public va pouvoir modeler à son gré, non sans difficulté car cette matière théâtrale qui pose là la réalité va présenter des lignes de résistance nécessitant pour le public une vraie créativité d’intervention.

Notre travail

Notre travail a commencé par le suivi que Joêlle Bordet -psychosociologue- a mené avec les habitants, les professionnels et les élus de Montreuil. Ce que nous y avons trouvé comme matériau a ensuité été complété par les expériences que nous ont transmis les groupes d’ habitants-acteurs avec lesquels nous travaillons depuis plusieurs années à Vaulx en Velin, Strasbourg, Paris et Marseille

A partir de ces matériaux et d’un travail d’analyse mené par la psychosociologue Joëlle Bordet, nous avons élaboré le contenu de ce que nous allions mettre en débat et construit une première ébauche du spectacle afin de la passer au crible des habitants participants de l’ensemble de la démarche venus de Montreuil et de Perpignan, réunis à Montreuil pour préparer le colloque de Montpellier. La première ébauche a alors été mise en débat avec les habitants et les chercheurs présents en ce qui concerne l’opportunité de nos choix de contenu, la cohérence de l’ensemble et les erreurs a rectifier. Il s’est agi là d’une véritable reconstruction : il s’agissait que les habitants se saisissent de cet outil et contrôlent son contenu puisqu’il s’agissait pour nous de porter leur parole et pour eux d’assumer cette parole commune et négociée.
Ce jour là, trois jeunes de Montreuil sont beaucoup intervenus en scène, nous leur avons proposé de s’intégrer à l’équipe de professionnels pour terminer le spectacle et de le jouer avec nous ; il nous semblait que les critiques et les propositions qu’ils avaient faites nous amènerait à de nouvelles mises en questions constructives. Ils ont su effectivement prendre leur place dans la création comme dans le spectacle comme partie intégrante de l’équipe.

La premiere fois que j’ai porté des lunettes de soleil à 5 000 F, c’est quand un lycéen m’a prété les siennes pour jouer un jeune… Je les ai gardé 5 minutes, le temps d’être confronté à un policier qui me les a piquées en même temps que le portable dernier cri sous prétexte que je n’avais qu’a venir les chercher au commissariat si j’étais en mesure de présenter les factures Tout est dit dans l’histoire de ces lunettes ; les trois jeunes de l’équipe qui n’imaginent pas que d’autres lunettes que celles là soient en scène parce qu’ils savent, eux, que ceux qui sont dans la salle savent lire ces signes là si nous qui n’habitons pas un quartier ne voient pas la différence. Voila comment un objet de représentation sociale devient un objet de la représenation théâtrale des rapports sociaux en question.

Théâtre-Forum et participation des habitants :
Jouer avec des habitants leurs histoires mais aussi les jouer avec eux, permet de donner une audience à cette connaissance que seuls les habitants ont du terrain et de la confronter avec celle que les autres peuvent avoir. Quand Joëlle Bordet nous explique les relations équivoques que le pouvoir politique entetient parfois avec les caïds du quartier pour obtenir la paix sociale, elle nous donne une analyse. Les trois jeunes qui travaillent avec nous la reconnaissent imédiatement mais ils l’investissent et la colorent de tous les signes qui dans la réalité traduisent cela et que nous – même présents fortement dans les quartiers, maitrisont mal. Ils construisent avec nous, à partir d’un accord commun qui se construit au fil du travail sur une réalité reconnue par eux et nous comme nécessaire à porter au débat, la séquence qui dit leur parole et celle des comédiens : une parole portée ensemble dorénavant.

`Le théâtre leur donne l’espace et le cadre où leur connaissance du terrain qui ne peut être remplacée par aucun autre regard peut servir : il s’agit de représenter physiquement ce qui autrement resterait abstrait. IIls s’inscrivent alors comme de véritables partenaires, spécialistes du terrain.
Ainsi, leur apport dans la création donc dans les choix concernant la manière de poser le débat est irremplaçable. Sans eux, nous aurions commis des erreurs de représentation de la réalité égarant une partie du public dns des erreurs d’appréciation, ce qui est grave pour les habitants comme pour les autres partenaires du débat : Il s’agissait de proposer une image de la réalité qui fasse image commune pour tous et point de départ d’un travail commun entre habitants, professionnels et institutionnels.

La présence des habitants sur scène et dans la salle pour faire forum permet de se dégager de la relation impossible avec les médias qui semblent toujours trahir le point de vue des habitants. Ici, ceux qui parlent et qui jouent entendent garder leur légitimité de dire. Difficile dans ces conditions d’être trop complaisant : le public aussi est expert ; on ne peut se payer de mots, il faut affronter les situations avec ce qu’elles contiennent.

Enfin, le théâtre-forum tel que nous essayos de le meer instaure le débat là où il y a rupture du contrat social du point de vue du perdant : à cet endroit, il s’agit du politique. Là le théâtre forum permet l’affrontement non violent des représentations de chacune des parties et la tentative de construire ensemble une analyse à plusieurs entrées et une volonté d’action. Donner la parole aux habitants et la leur donner sous cette forme, c’est peut-être reconnaitre que leur connaissance et leur représentation pèsent (doivent peser et peuvent peser) en réalité dans notre société autant les paroles d’expert.
Le théâtre-forum permet ainsi la confrontation entre les solutions techniquement possibles, celles officiellement prévues, celles réellement réalisées et celles réellement envisageables : pour la mère de famille dont le fils est condamné d’une amende de transport qui se montera à 1200F, il y a la solution inscrite dans la loi et la pratique judiciaire : il faut demander à repasser en jugement au tribunal de police et obtenir que la condamnation cesse d’être assortie de l’amende. La mère bien sùr et toutes celles présentes dans la salle le jour du spectacle se refuse à cette solution : elle ne veut pas risquer de voir cela apparaitre sur le casier judiciaire. Elle ne sait pas, et c’est un commissaire qui intervient pour le clarifier à tous, que la première condamnation à l’amende est déjà portée sur la casier judiciaire qui comporte plusieurs cadres de délits d’ordre différents.
Le jour du spectacle, les habitants ne sont pas seuls à monter en scène, une commissaire, deux gendarmes, un maire, des travailleurs sociaux portent tour à tour confrontent les pistes qu’ils proposent ou qu’ils ont déjà testées dans la réalité. une représentation collective de la problématique se construit au fil de leurs interventions, des pistes émergent…
Il devient alors clair que les représentations sociale de la justice doivent se reconstruire collectivement en confrontant réalité des représentations et représentations des réalités.

REALISATION :

L’enquête :

Elle s’est réalisée essentiellement avec Joëlle BORDET, psycho-sociologue du CSTB mandatée par la DIV comme consultante sur cette opération. Nous avons suivi les réunions d’habitants, de profesionnels et d’élus qu’elle a mené sur Montreuil.

A partir de là, notre collaboration s’est enracinée très fortement : nous avons élaboré ensemble le contenu même du spectacle (choix des thématiques concrètes, choix des séquences théâtrales susceptibles de porter les thématiques). Par ailleurs, Joëlle BORDET est venue deux fois travailler avec nous au cours de nos répétitions, ce qui a permis un travail de réajustement.

A partir de ce que nous avions entendu dans ces réunions, nous avons commencé l’élaboration de parties du spectacle avec l’équipe des comédiens de N.A.J.E. L’entrecroisement de ces paroles et des récits que nous avons récolté sur d’autres sites sur lesquels nous menons un travail de long terme a produit une première ébauche conduisant à un spectacle de 3 heures.
Le temps imparti pour notre intervention à Montpellier nous a amené d’une part à faire des choix pour ne retenir que les préoccupations les plus fortes des habitants comme des commanditaires, d’autre part à un montage du spectacle sous forme de séquences très rapides, les nuances se trouvant dans l’entrecroisement de séquences contradictoires.

Au cours de l’enquête, nous avons rencontré trois jeunes habitants de Montreuil très concernés par la question de la prévention et de la sécurité. Nous les avons intégré dans notre équipe et ils ont joué avec nous le théâtre-forum de Montpellier. Leur apport nous a été précieux et d’après ce qu’ils en disent et ce qu’ont repéré nos partenaires directs, cette expérience a été forte pour eux. Notre histoire avec eux va continuer puisque nous leur avons proposé de s’intégrer à un groupe d’habitants-acteurs que nous dirigeons dans le 19ème arrondissement de Paris.

La séance du 6 mars :

Cette rencontre devait réunir les groupes d’habitants de Grenoble, Perpignan et Montreuil qui avaient suivi la démarche avec les trois consultants mandatés par la DIV. Les habitants de Grenoble n’ayant pu être mobilisés pour cette journée, nous avons travaillé avec le groupe de Perpignan et celui de Montreuil. Etaient présents également un représentant du CNV, un de la DIV, deux d’Accadie Joëlle Bordet et Jean Marc Ditchari.

Nous avons commencé par repréciser la démarche afin de clarifier les incompréhensions, puis nous avons mis en forum trois séquences théâtrales avec les participants (une première ébauche). A l’issue du forum, nous avons consulté les habitants et les professionnels présents sur ce qui devait être et ce qui ne devait pas être dans le spectacle final.

Il en est résulté qu’une séquence, mettant en scène la BAC, ne serait pas conservée car elle risquait d’amener un débat technique qui la rendrait inéficace. Elle a été remplacée par trois courtes séquences de contrôle de papiers.
Une autre séquence a fait l’objet d’un débat, une scène de jeunes dans un hall d’immeuble. Le débat a porté sur le fait de savoir si cette scène stigmatisait ou non les jeunes habitants des quartiers. Après grand débat le 6 mars, repris dans les jours qui ont suivi avec les trois jeunes qui ont joué avec nous, nous avons gardé cette scène en lui accolant une autre séquence afin de présenter de manière plus multiple et nuancée la réalité des jeunes dans les halls d’immeubles.

Cette journée du 6 mars a bien rempli ses objectifs : mobilisation des habitants, préparation de leur place lors du colloque de Montpellier, participation effective de leur part dans le travail de création du spectacle.

LES THEMATIQUES DU SPECTACLE CREE

Le spectacle comporte 14 séquences théâtrales qui s’enchainent les unes aux autres en trois grandes parties de manière à traiter du sujet selon un point de vue d’habitants et à mettre en scène quelques personnages centraux du débat sur la sécurité et la prévention : l’éducateur, le sociologue, l’élu municipal, le responsable de HLM, les policiers, les jeunes, les parents, les voisins…

1ère partie :

Quelques séquences de halls d’immeuble investis par les jeunes, avec un adulte auxquel ils font peur, un adulte qui a développé avec eux une relation humaine, un adulte qui les insulte, un adulte qui les harcèle, un adulte qui, exédé, les menace de son fusil… Et puis une séquence sur la recherche de travail comme un parcours qui tue l’espoir.

Ces premières séquences ne donneront pas lieu au forum, elles sont là pour placer l’ambiance, le décor et un autre point de vue sur les jeunes que celui véhiculé par les médias, tout aussi réel pourtant. Elles seront complétées par deux tableaux disant les rapports parfois pervertis de la police is à vis des jeunes.

Ensuite des séquences sur lesquelles il est possible de « faire forum » :

Deuxième partie :

Elle raconte comment un jeune va se tourner vers le dealer du quartier et contracter une dette envers lui pour payer une amende prise par un agent de la RATP pour non présentation du titre de transport, amende montée après plusieurs rappels à la somme de 1 200 F. La séquence met en scène la maman de ce jeune, dans une famille en grosse difficulté financière (chômage de longue durée).

Troisième partie :

Cette scène est racontée du point de vue de l’éducateur de quartier, elle traite du caïdat dans les quartiers et des alliances dangereuses qui sont parfois passées avec les leaders du caïdat pour obtenir la paix sociale. La scène commence par des jeunes qui cassent le local jeunes après qu’ils aient été ramenés en urgence par leur éducateur du camp de ski où ils avaient pillé un magazin et agressé des personnes. Elle se termine par une alliance entre la structure nouvellement créée par le maire et le leader -caïd.

Le spectacle de Théâtre-Forum du 17 mars :

Les comédiens de la compagnie et les trois jeunes de Montreuil ont joué le spectacle de théâtre-forum au cours de l’atelier 15.

Le débat théâtral s’est effectué sur deux séquences (le spectacle comportait 14 séquences) :

l’une raconte comment un jeune va se tourner vers le dealer du quartier et contracter une dette envers lui pour payer une amende prise par un agent de la RATP pour non présentation du titre de transport, amende montée après plusieurs rappels à la somme de 1 200 F. La séquence mettait en scène la maman de ce jeune, dans une famille en grosse difficulté financière (chômage de longue durée).

Plusieurs interventions sont faites sur cette séquence : 
* une habitante est venue pour soutenir la mère, faire intervenir le comité de quartier, contacter la RATP pour tenter de négocier la dette.
* Un Maire est venu pour proposer au jeune de racheter sa dette au lieu qu’elle soit rachetée par le dealer : la Mairie paie les 1200 F et le jeune fera des travaux pour la mairie, ainsi, l’engrenage est stoppé.
* Un habitant africain est venu faire un père et a parlé avec son fils de sa culture d’origine, de sa situation en France vis à vis de la législation française, des valeurs… * une Commissaire de Police est venue pour proposer que le jeune repase au Tribunal pour que sa condamnation ne soit pas assortie du paiement de l’amende. Cela a déjà été réalisé dans la réalité.

L’autre scène est racontée du point de vue de l’éducateur de quartier, elle traite du caïdat dans les quartiers et des alliances dangereuses qui sont parfois passées avec les leaders du caïdat pour obtenir la paix sociale. La scène commence par des jeunes qui cassent le local jeunes après qu’ils aient été ramenés en urgence par leur éducateur du camp de ski où ils avaient pillé un magazin et agressé des personnes. Elle se termine par une alliance entre la structure nouvellement créée par le maire et le leader -caïd.

Le forum s’est limité à la situation de crise consécutive à la destruction du local-jeunes. Aucun spectateur ne s’est aventuré plus loin dans les séquences mettant en scène le dealer et les alliances avec lui.
* Une habitante prenant la place du Maire, est venue rencontrer les jeunes, leur disant que le local serait réparé vite et que ce serait l’occasion de l’améliorer.
* Un maire est venu rencontrer les jeunes pour leur expliquer que ce serait à eux de réparer leur local, que ce soit eux qui l’ait cassé ou non.
* Une professionnelle est venue demander au Maire de porter plainte ce qu’il a finalement fait après beaucoup de résistances. Cela a amené deux gendarmes de la salle à accepter de venir sur scène : ils ont demandé des noms à l’éducateur qui, poussé par le maire a fini par les donner. Cela a fait réagir très fortement un éducateur dans la salle :  » aucun éducateur ne peut travailler dans ce type de collaboration avec la police », et les jeunes jouant dans le spectacle ont imrovisé la suite, traitant l’éducateur de balance. Puis les deux gendarmes ont convoqué le groupe de jeunes et l’éducateur mais leur enquête n’a pas abouti. 
Pendant ce temps là, les comédiens ont improvisé en parrallèle un contrôle d’identité avec palpation. Les deux gendarmes n’ont pas souhaité s’impliquer dans cette nouvelle situation qui leur était présentée.
* Une professionnelle est venue organiser une réunion avec les jeunes, le maire, la police, les associations et le collège. Chaque personage a parlé de son point de vue et dans la défense de sa propre structure. Le maire et l’éducatrice se sont mis à discuter sur leur projets divergents… La réunion, non préparée n’a rien donné en terme d’organisation ou de projet mais elle a mis à jour les rituels et une certaine incapacité à agir ensemble.

A la suite du Forum, Joëlle BORDET a fait un exposé dans lequel elle a donné une interprétation des modes d’intervention proposés par le public.

La restitution du 18 mars :

Le soir du 17 mars, avec les habitants de Montreuil et Joëlle Bordet, nous avons pris trois heures pour construire un spectacle de 20 minutes constituant une version résumée des deux scènes qui avaient fait l’objet du forum et des interventions des spectateurs..
Joëlle BORDET a repris l’essentiel de son analyse de la veille afin de donner des pistes de débat au forum